En 1891 et 1892 «le chemin du curé» fut commandé et financé par le Chanoine H.Frison pour que la jonction vers les alpages d’altitude évite un très long chemin par la montagne. Ce passage de 350 mètres, 3 mètres de largeur et avec un parapet de 60 centimètres est exceptionnel. Taillé dans la roche vive, il fallut plusieurs entrepreneurs pour achever l’oeuvre et permet de franchir le profond canyon creusé par le torrent de la Gittaz.
Bien après ce passage on se retrouve sur un plateau, à 1989 mètres, à la Sausse ou s’abreuvent des vaches, ces mêmes vaches qui donnent ce si bon goût du fromage, le Beaufort.
Quand on fait cette randonnée, on imagine aisément le chemin que devait faire les vaches et leurs bergers avant et même après 1892, un sacrée transhumance.
La randonnée commence au Parking de la Gittaz, à 1627 mètres et assez vite apparaît le torrent de la Gittaz en cascade. Plus on se rapproche du passage et plus le bruit est enivrant. On voit bien le travail réalisé, la difficulté de l’ouvrage et l’encorbellement. Même si les altitudes ne sont pas affolantes, le torrent en bas et tout ce qu’il y a devant est une explosion des sens, on peut y courir mais le mieux reste de savourer ce court moment de 350 mètres.
Après on suit le torrent de la Gittaz, l’eau y est fraiche et plus on arrive aux alpages plus on a l’impression que c’est une rivière. Les vaches sont là, si c’est la première fois que l’on voit des vaches à cette altitude cela peut surprendre mais, comme au col d’Allos ou les Burons en Auvergne, notamment au col de Néronne, çà fait toujours quelque chose et c’est la même impression à chaque fois. On cherche du regard s’il y a des marmottes ou pourquoi pas des bouquetins mais, non, ce sont bien des vaches qui sont là et des randonneurs, et si elles sont là c’est que le «chemin du curé» fut une initiative heureuse.
Les habitués de la montagne verront tout de suite les points communs avec les hauts cols : Des montagnes tout autour, une lumière qui s’échappe, un bruit, un son, du vent, des nuages épais et blancs et beaucoup d’autres possibilités.
300 mètres de dénivelé, ce n’est pas beaucoup et avant de repartir par le même chemin, sur la gauche, un chemin qui amène au chalet de l’Alpage communal des Cavets, un chalet à 2223 mètres, çà ne s’invente pas.
Rien que pour y arriver, c’est un bon moment de montagne et ce n’est pas les 200 mètres de dénivelé positif en plus qui sont en cause mais bien le passage au 2000 mètres et tout ce que cela signifie. Le chemin devient plus typé, le vent plus présent et tout ce qu’il y a autour. En s’écartant du torrent, des alpages, des vaches, cette petite hauteur supplémentaire est un vrai régal, un émerveillement pour les yeux, c’est différent du Chemin du curé et si proche, il n’y a plus besoin d’en faire plus.
En partant du parking de la Gittaz, on passe devant le barrage de la Gittaz. Construit entre 1963 et 1967, c’est une retenue de 13 millions de M3 d’eau, mais c’est en revenant au point de départ que se déploie ce barrage.
L’aller est surprenant et on voit autre chose en faisant le retour par le même chemin. Le torrent et la puissance de ses cascades, il y a du dénivelé négatif et çà se ressent car, au passage du Chemin du Curé, il est bien bas le torrent, de quoi avoir le vertige.
Plus on se rapproche plus on comprend pourquoi un barrage a été construit. Pour des raisons hydroélectriques cela va de soit mais aussi pour emmagasiner l’eau qui ruisselle vers la vallée. Le Torrent de la Gittaz est comme beaucoup de torrent mais sa proximité et sa douceur, en bien des endroits, en font un spectacle éblouissant et, à la sortie du passage, on continue à en prendre plein les yeux.